Mis à jour le 06 Mars 2025
Pour comprendre les liens qui unissent Monte-Carlo et l’orchestrateur, il faut remonter un siècle d’histoire : « Le Prince Albert Ier avait noué de fortes amitiés avec Massenet, Saint-Saëns, Gabriel Fauré et en fin mélomane, il a fait venir à Monaco de grands compositeurs dont Ravel faisait partie », explique Jean-Louis Grinda, ancien directeur de l’Opéra de Monte-Carlo et metteur en scène.
C’est dans ce contexte que sera donnée en 1925 la première représentation de L’Enfant et les sortilèges, commandé par Raoul Gunsbourg, directeur de l’Opéra de Monte-Carlo de l’époque. Le manuscrit original de cet opéra est aux Archives du Palais Princier de Monaco qui conservent un ensemble spectaculaire de documents autographes provenant du fonds personnel de Maurice Ravel.
Une hommage ancré dans l'histoire
Quand Monte-Carlo célèbre Ravel, l’hommage n’est pas de circonstance. Le destin de ce compositeur de génie s’inscrit pleinement dans l’histoire du Rocher.
« Ravel fait partie du répertoire de base de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, connu pour son excellence dans la musique française de la fin du XIXe au début du XXe siècle », se réjouit Didier de Cottignies, délégué artistique de l’OPMC.
Avec l’Orchestre Philharmonique
Du Boléro à la musique de chambre : vivez toutes les nuances
La soirée du 30 mars de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo réunit trois œuvres phares à l’Auditorium Rainier-III : l’hypnotique Boléro, la très élégante Pavane pour une infante défunte et l’œuvre impressionniste Barque sur l’Océan. Ce concert est présenté en collaboration avec le Printemps des Arts, sous la baguette du chef de l’OPMC Kazuki Yamada et avec le pianiste Nelson Goerner.
Dans le contexte plus intimiste de la musique de chambre, l’hommage se poursuit le 10 juin avec un Happy Hour Musical qui propose notamment Quatuor en fa majeur. Une œuvre dont le manuscrit original est lui aussi conservé aux Archives du Palais Princier de Monaco.
Cette année, 100 ans après sa première représentation, L'enfant et les Sortilèges de Ravel revit sur scène en Principauté de Monaco. Jean-Louis Grinda, metteur en scène de L’Enfant et les Sortilèges et de L’Heure espagnole, explique la longue histoire des deux opéras et son parti pris artistique.
Dans quel contexte est né L’Enfant et les sortilèges à Monaco ?
La première représentation a eu lieu le 21 mars 1925. Nous allons donc rejouer cet opéra 100 ans jour pour jour après sa création.
Le Prince Albert Ier, grand protecteur des arts, connaissait Ravel et Colette qui en a écrit le livret. On avait demandé de mettre les danseurs des Ballets Russes à disposition pour créer cette féérie. Mais Serge de Diaghilev [directeur des Ballets Russes, N.D.L.R.] s’y était opposé, disant que la composition était arrivée trop tard ; et l’on raconte qu’une gifle serait partie entre lui et Ravel dans le hall de l’Hôtel de Paris... Mais tout a fini par se faire et l’œuvre a été dirigée par Victor de Sabata, grand chef du XXe siècle.
L'Enfant et les sortilèges était d’ailleurs l’opéra préféré du prince Rainier III, car il l’avait vu tout jeune et avait adoré. Comme c’est un opéra assez court, on le présente souvent avec le deuxième opéra de Ravel, L’Heure espagnole.
Comment avez-vous souhaité mettre les deux opéras en scène ?
Pour la mise en scène de L’Enfant et les sortilèges, j’ai choisi d’en faire non plus une rêverie mais au contraire une histoire très concrète, celle d’un enfant capricieux, né avec une maman chichi-pompon dans la grande bourgeoisie et à qui les domestiques vont donner une leçon après qu’il a détruit sa chambre.
Par effet de miroir, j’ai souhaité faire de L’Heure espagnole une aventure dans un décor à l’esprit boulevard semblable à une aquarelle de Sempé et avec des chanteurs comédiens qui jouent face au public, sans s’adresser l’un à l’autre.
Ravel n’a composé que deux opéras, mais ce sont là des bijoux d’intelligence et d’esprit, deux facettes passionnantes de Ravel et de la littérature du début du XXe.
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