Les femmes de légendes de Monaco
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Ode à celles qui ont fait la légende de Monaco

Publié le Février 26, 2020Mis à jour le Juin 19, 2023

Elles étaient brillantes, talentueuses et indomptables. Parce qu’elles ont profondément marqué l’histoire de Monaco, Monte-Carlo Société des Bains de Mer profite de la Journée internationale des droits de la femme pour rendre hommage à six personnalités féminines inoubliables. Et salue aussi toutes celles qui œuvrent avec diligence, loin des projecteurs, pour que perdure ce joyau de la French Riviera.

1. Marie Hensel Blanc

L’épouse du fondateur de Monte-Carlo Société des Bains de Mer a marqué Monaco d’une empreinte indélébile. Rien ne l’y prédestinait : née en 1833 dans une famille modeste de la région de Francfort, elle ne connaît des affaires que la cordonnerie de son père. Tout bascule en 1847, lorsqu’elle entre au service d’un certain François Blanc, un entrepreneur français qui gère le casino dans la ville balnéaire de Homburg. Intelligente et vive, Marie attire bientôt l’attention de son employeur. Celui-ci lui offre une éducation… puis l’épouse à sa majorité. En 1863 le couple est invité par le Prince Charles III de Monaco pour développer le potentiel touristique de la Principauté. C’est alors la création de Monte-Carlo Société des Bains de Mer et le lancement du Casino de Monte-Carlo. Douée en affaires comme en relations publiques, Marie Blanc participe activement à l’essor de l’établissement, et lance également des projets de grande envergure. D’abord le creusement des Caves de l’Hôtel de Paris, sur ses propres deniers. Puis la construction de l’Opéra de Monte-Carlo, signé de l’architecte Charles Garnier. Et enfin le modelage des jardins du Casino, qui deviennent les splendides Boulingrins. Après le décès de son mari, elle prend les rênes de la société et continue à la faire prospérer. Pour lui rendre hommage, on se rend au 17 avenue d’Ostende, et on admire la Villa Belle Époque : un bâtiment néoclassique de cent pièces qui fut sa résidence privée.

Journée internationale des droits de la femme à Monaco, avec Joséphine Baker, Elsa Maxwell, Marie Hensel Blanc et Sarah Bernhardt

2. Elsa Maxwell

Pianiste de music-hall née aux États-Unis en 1883, Elsa Maxwell se spécialise après la Première Guerre mondiale dans l’organisation de soirées mondaines en Europe. Dotée d’un sens exceptionnel de la fête, elle participe notamment à créer la renommée du Lido, à Venise. Dans les années 1920, elle est invitée par Monte-Carlo Société des Bains de Mer à développer le tourisme estival à Monaco. Et s’acquitte brillamment de sa mission : le 16 juillet 1928, à l’occasion de l’inauguration du Monte Carlo Beach, elle organise une fête dont l’extravagance est restée dans toutes les mémoires. On y voit des yachts décorés, des bateaux à moteur remorquant des gladiateurs à skis nautiques, des invités prestigieux costumés en empereurs… Le tout dans une démesure absolue. Le monde entier en parle : Monaco entre alors dans le club très fermé des destinations d’été.  Et si le restaurant étoilé du Monte-Carlo Beach porte aujourd’hui le nom d’Elsa, c’est bien en l’honneur de cette grande visionnaire au sourire chaleureux.

Journée internationale des droits de la femme à Monaco, avec Joséphine Baker, Elsa Maxwell, Marie Hensel Blanc et Sarah Bernhardt

3. Josephine Baker

Lorsque la célèbre meneuse de la « Revue Nègre » arrive à Monaco, elle a déjà 63 ans. Et, derrière elle, une longue carrière pleine de rebondissements, de Broadway à La Havane en passant par Montmartre et la Résistance française. En 1969, forte de son immense notoriété, Joséphine Baker est invitée par la Princesse Grace à séjourner gracieusement à la Villa l’Aiglon, à Roquebrune. La danseuse adopte alors tout naturellement la vie monégasque. En 1974, elle remonte sur scène pour le public de Monaco, après des années loin des projecteurs, et triomphe sur la scène du Sporting Club. Décédée en 1975 à Paris, elle repose au cimetière de Monaco, conformément au vœu de la Princesse Grace.

Journée internationale des droits de la femme à Monaco, avec Joséphine Baker, Elsa Maxwell, Marie Hensel Blanc et Sarah Bernhardt

4. Sarah Bernhardt

Pour de nombreux critiques, elle reste la plus grande tragédienne du XIXe siècle. C’est d’ailleurs en pensant à elle que Jean Cocteau a forgé l’expression « monstre sacré ». Née en 1844 à Paris, reçue au Conservatoire à l’âge de quatorze ans, Sarah Bernhardt passe quelques années à la Comédie-Française, avant d’en être exclue pour avoir giflé une autre pensionnaire. Qu’à cela ne tienne : elle poursuit sa carrière avec éclat. C’est en 1879 qu’elle découvre Monaco, à l’occasion de l’inauguration de l’Opéra de Monte-Carlo, un événement historique auquel sont convié 800 invités parmi les plus grands noms d’Europe. Suite à la réception chaleureuse du public et de Monte-Carlo Société des Bains de Mer, elle se produira régulièrement dans cette salle jusqu’à sa disparition. En hommage éternel à son immense talent, le flanc de la salle Garnier est orné d’une sculpture réalisée de ses mains, « Le Chant ». Car la grande Sarah avait aussi des talents de plasticienne que les commanditaires monégasques ont tôt su reconnaître.

Journée internationale des droits de la femme à Monaco, avec Joséphine Baker, Elsa Maxwell, Marie Hensel Blanc et Sarah Bernhardt

5. La Belle Caroline Otero

Caroline Otero, dite la « Belle Otero », est une courtisane de la Belle Epoque dont la beauté et les succès font tourner les têtes. De toutes ces dames, elle est sans doute celle qui a eu la vie la plus romanesque. Elle naît en Espagne le 4 novembre 1868 sous le patronyme d'Agustina Otero Iglesias. Sa mère, gitane, élève seule ses nombreux enfants. Dès l'âge de douze ans, la petite Otero danse dans les rues, les auberges ou les cabarets pour subvenir à ses besoins et ceux de sa famille. Elle arrive à Paris à l'âge de vingt et un ans, et débute sa carrière au Cirque d'été et au Grand Véfour. Les journalistes, éblouis et toujours en veine de nouveauté, lui donnent alors le surnom de « Belle Otero ».

Devenue une véritable vedette aux Folies Bergère à Paris, elle enchaîne rapidement des tournées aux États-Unis, en Russie et en Europe, pour des spectacles dont on retiendra surtout ses tenues : somptueuses, parées de joyaux mettant en valeur ses courbes généreuses…

Femme fatale (plusieurs de ses amants, malheureux se suicideront, et certains rivaux se provoqueront en duel), la Belle Otero séduit les grands de ce monde : des rois, comme Edouard VII et Léopold II de Belgique, des aristocrates, comme le Duc de Westminster et le Granc-Duc Nicolas de Russie, des écrivains comme Gabriele d'Annunzio ou encore des hommes politiques comme Aristide Briand.

Elle est aussi une grande joueuse et une habituée du Casino de Monte-Carlo. Elle s’y rend au bras de ses soupirants qui mettent généreusement la main à la poche pour éponger ses pertes parfois colossales. Elle n'a guère d'estime pour la gent masculine : « Quand un homme est riche, il n'est plus laid », a-t-elle l'habitude d'affirmer. Ce souverain mépris, qu'elle ne cache pas dans ses Mémoires, écrits en 1926, est sans doute à chercher dans la violence ayant marqué son enfance — la jeune fille a été mise à la rue par sa mère puis violée à l'âge de douze ans.

La Belle Otero quitte les planches en 1915, au sommet de sa gloire, afin de laisser d'elle le souvenir d'une femme belle et désirable. Elle s'installe à Nice, où elle achète un manoir, qu'elle ne parviendra cependant pas à conserver : elle passe son temps au Casino, accumule les pertes et sombre dans la ruine. Apprenant son dénuement, la direction du Casino de Monte-Carlo décide de lui payer le loyer d'un petit hôtel à Nice et de lui verser une pension jusqu'à sa mort (à noter qu'elle n'est pas la seule à bénéficier ou avoir bénéficié d' une petite rente de la part du Casino). Le 10 avril 1965, à l'âge de 96 ans, la Belle Otero met fin à ses jours.

La naissance d'un mythe : Le Casino de Monte-Carlo

6. Coco Chanel

EIle a mis les femmes en pantalon et les a autorisées à courir. Elle a lancé la vogue du bronzage, les tenues sportives et androgynes, les cheveux courts. Elle a révolutionné la mode — et plus encore : l'image de la femme. Elle, c'est Gabrielle Chanel, dite Coco, née en 1883 dans une très modeste famille à Saumur. La petite fille, bientôt orpheline, est placée dans un pensionnat religieux où elle apprend la couture.

À l'âge de vingt ans, elle devient couseuse dans une maison de couture provinciale. Mais elle a de l'ambition. Et, plus que tout, le désir de sortir de sa condition. Courtisée par Etienne Balsan, un riche officier qui lui fait découvrir la vie mondaine et les usages de la grande société, elle le quitte ensuite pour Boy Capel, un homme d'affaires anglais qui sera son grand amour. En 1909, c'est sur ses conseils qu'elle ouvre une première boutique de chapeaux. Dès lors, tout s'accélère. En 1910, elle crée son premier atelier de modiste à Paris, puis ce seront des boutiques à Deauville et Biarritz. Elle commence à raccourcir les jupes et à supprimer la taille, proposant des vêtements simples et pratiques, dont l'esthétique s'inspire d'une vie dynamique et sportive.

Si elle est une des premières femmes à se couper les cheveux à la garçonne, elle est aussi l'une des premières à porter et faire porter à ses clientes des pantalons. Une petite révolution qui lui vaut bien des persiflages chez ses confrères masculins. Après la guerre, elle s'installe au 31 de la rue Cambon, où se trouve aujourd'hui encore la maison qui porte son nom. Elle fréquente les artistes, devient l'amie de Jean Cocteau, Pierre Reverdy, Salvador Dalí, Luchino Visconti. C'est d'ailleurs son amitié avec Cocteau qui la conduit à réaliser, en 1924, les costumes du ballet Le Train Bleu. Ce ballet est resté mythique car il réunit des artistes de renom : Jean Cocteau écrit le livret, Darius Milhaud la musique, le sculpteur Henri Laurens créé les décors, Picasso signe le programme et le rideau de scène, Coco Chanel conçoit les costumes, et Serge Diaghilev dirige le tout. Pour les danseurs, la distribution est tout aussi prestigieuse avec Anton Dolin et Serge Lifar.

Le Train Bleu, créé au théâtre des Champs-Elysées à Paris en 1924, est joué à Monte-Carlo en 1925. Un lieu particulièrement bien choisi étant entendu que l'intrigue se déroule justement dans une station balnéaire, sur une plage où bronzent et s'amusent de riches oisifs aux noms évocateurs, telle la Championne de Tennis ou le Joueur de Golf... Avec leurs costumes qui tiennent tout à la fois du maillot de bain et du maillot de gymnastique, Coco Chanel signe une ode à l'été, à la plage, lançant avec quelques années d'avance la mode de la « saison d'été » qui, à Monte-Carlo, trouvera son symbole dans l'édification du Monte-Carlo Beach, en 1928.

Et parce que l’histoire s’écrit tous les jours, Monte-Carlo Société des Bains de Mer tient à rendre hommage à toutes les femmes qui œuvrent pour son succès. Croupières, directrices d’établissement ou décoratrices, elles incarnent au quotidien les valeurs de Monte-Carlo Société des Bains de Mer que sont l’excellence, l’audace, l’inventivité et la passion. Qu’elles en soient profondément remerciées.

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