Café de Paris Monte-Carlo : La faïence Belle-Epoque, une identité azuréenne retrouvée

Publié le Janvier 03, 2024Mis à jour le Janvier 19, 2024

Lors de la récente rénovation du Café de Paris Monte-Carlo, un changement remarquable s'est opéré sur les façades, désormais ornées de nouvelles faïences réalisées par Stéphane Montalto, un potier distingué comme Meilleur Ouvrier de France. Dans son atelier, Montalto a brillamment recréé les ornements originaux, apportant une touche historique unique à chaque pièce.

Ces faïences s'inspirent du tournant du XXe siècle, une époque où la Riviera a construit son mythe, caractérisée par un style qui glorifie la féminité et le végétal. Montalto témoigne de cette époque révolue, où l'art de la faïence était en harmonie avec les tendances de l'époque, avant de céder la place à l'architecture moderne internationale, marquée par des figures comme Le Corbusier.

Faïence Belle-Epoque de Stéphane Montalto

L'art de la céramique, ou la métamorphose du Café de Paris Monte-Carlo

Installé dans son atelier à Roquebrune-Cap-Martin, ce potier à l’origine a acquis au fil des années des savoir-faire complémentaires qui lui permettent de reproduire à l’identique ces faïences d’époque.

« J’ai par exemple un catalogue d’une cinquantaine de modèles balustres, ces céramiques vertes ou bleues inspirées de l’Italie et que chaque architecte dessinait à sa manière pour orner les balustrades des demeures azuréennes », poursuit ce Meilleur Ouvrier de France, qui a œuvré à la réfection d’un bénitier pour la chapelle Matisse à Vence, tout comme à la réalisation de tuiles d’esprit japonais pour les jardins du Prince Albert II au Palais Princier.

Ayant participé à la réfection de nombreux bâtiments classés Monuments historiques sur la Riviera, il a ici répondu à l’appel à projet de l’Entreprise Générale de Peinture Jean Tubino et Fils, l’une des plus vieilles sociétés monégasques, pour la métamorphose du Café de Paris Monte-Carlo. « Il s’agissait de recréer à la fois des céramiques architecturales en bas-relief du côté de l’avenue de Spélugues et des carreaux peints pour la façade du côté de la Place du Casino, qui bénéficie désormais d’un premier étage », se réjouit Stéphane Montalto.

« Il suffit de lever les yeux en l’air sur la Côte d’Azur pour retrouver ces céramiques architecturales ornant l’extérieur des maisons et palais.»

Un savoir-faire de plus en plus valorisé

Pour prolonger le Café de Paris Monte-Carlo sur l’avenue des Spélugues dans les règles de l’art, Montalto a pris pour modèle la façade historique sur place. « Il n’était pas question de faire un moulage car la terre en cuisant se rétracte parfois jusqu’à 10 % et l’on aurait alors eu des pièces trop petites. J’ai donc fait des modèles plus grands et c’était un vrai défi, car il faut qu’après la cuisson les éléments s’emboîtent parfaitement », poursuit le modeleur mouleur, qui a orné ensuite les pièces d’émaux de couleur miel, blanche et turquoise.

« Ce sont de très belles pièces, dont le motif très singulier a été imaginé à l’époque, et qui jouent sur les contrastes de couleur »

Rosace ornée de miel, mauve et turquoise

Une invitation pour une balade artistique

Au final, il a ainsi recréé 71 carreaux : une fois assemblés, ils forment de superbes volutes en bandeau qui accompagnent les passants. Du côté de la place du Casino et de l’entrée du Café de Paris Monte-Carlo. Le décorateur sur faïence a pris pour modèle les ornements au-dessus de la boutique Chopard pour recréer des carreaux peints, sur lesquels s’épanouissent des arabesques et végétaux.

« Ce sont de très belles pièces, dont le motif très singulier a été imaginé à l’époque, et qui jouent sur les contrastes de couleur », ajoute le tourneur-potier qui a travaillé dans la région à une reproduction de céramiques pour le projet Le Corbusier à la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris et à la réfection de carreaux pour la Villa E-1027 d’Eileen Gray. Et de conclure : « Si ces réalisations font aujourd’hui partie du patrimoine, il ne faudrait pas grand-chose pour que la céramique architecturale redevienne la tendance, comme en témoignent plusieurs projets récents pour lesquels j’ai été appelé ».