Mis à jour le 06 Juin 2025
Le soleil illumine la mer ce matin-là, et la brise légère qui souffle depuis le Larvotto nous guide vers un quartier pas comme les autres. Mareterra, l’écoquartier le plus récent et le plus ambitieux de Monaco, s’étire sur six hectares gagnés sur la mer. Ici, la ville avance vers l’horizon au cœur d’une mise en scène subtile de transparences et de perspectives : structurer sans s’imposer. Les pins parasols couronnent les places de leur ombre majestueuse, tandis que l’eau, omniprésente, s’invite dans chaque regard, comme un fil conducteur entre nature et architecture. Suivez-nous pour une promenade au cœur de ce nouveau joyau monégasque, pensé comme un écrin de nature et de modernité.
Sommaire :
- Calder : entre art et architecture
- Murmure de l’eau et végétation au cœur du jardin provençal
- Une prouesse d’ingénierie au service du vivant
- Promenade Prince Jacques : l’apogée du béton
- Lumières sous roche, silences de quartz : deux secrets de Mareterra
- Un vaisseau nommé Renzo
- Un quartier vivant et ouvert à tous
- Un exemple pour le monde
Calder : entre art et architecture
Tout commence sur la Place Princesse Gabriella. Devant nous, une sculpture mobile capte la lumière du matin. Ses pales rouges, jaunes et noires dansent doucement dans l’air marin. « C’est le Calder », explique Guy-Thomas Levy-Soussan, administrateur délégué de la SAM L’Anse du Portier. «Acquise par la famille Princière dans les années 1960 et installée devant le hall du centenaire, l'installation a été ensuite démontée et n'avait plus été ensuite installée dans un cadre à sa mesure. Déçus de cet état de fait et grâce à l'aide précieuse de la fondation Calder et des équipes de Renzo Piano, nous l’avons remise ici, en plein air, à sa juste place. » L'œuvre, baptisée Quatre lances, trône désormais sur la place, entourée de pins méditerranéens. Elle donne à Mareterra un souffle artistique, une respiration poétique. « C’est un musée à ciel ouvert, sans barrières. » Ici, la vue sur le Renzo, comme prêt à prendre le large, est saisissante.
Murmure de l’eau et végétation au cœur du jardin provençal
En descendant vers la mer, un ruissellement discret attire notre attention. Il longe des murs de pierre sèche, serpente entre les cyprès. « C’est un bief, un petit cours d’eau inspiré des jardins provençaux », explique Guy-Thomas Levy-Soussan. Ici, la pierre vient de la Turbie, les arbres de Toscane. Plus de 1 000 sujets ont été sélectionnés avec soin, élevés pendant cinq ans sur un terrain en bord de mer près de Florence. « L’idée, c’était que les arbres aient déjà vécu. Qu’ils ne soient pas des bébés quand on les plante. Et ça se voit. Le quartier a l’air d’avoir toujours été là. » La végétation luxuriante offre l’impression que le quartier a toujours existé.
Une prouesse d’ingénierie au service du vivant
À Mareterra, rien ne repose sur la terre ferme. Le quartier tout entier est bâti sur 18 caissons géants en béton armé, conçus pour épouser le fond marin à l’aide d’un remblai maritime. Coulés à Marseille, déplacés jusqu’à Monaco, les caissons ont été positionnés au centimètre près, créant une plateforme stable, capable de supporter immeubles, voiries et espaces publics. « C’était le plus gros défi du chantier. On a livré avec six mois d’avance, sans dépasser le budget. C’est unique. »
« On a déplacé un herbier de posidonie de 400 m², une première mondiale. Et il a refleuri. ». Sur terre comme en mer, à Mareterra, la nature n’est pas un décor : elle est actrice du projet.
Les caissons eux-mêmes ont été grattés à la main pour accueillir poissons et algues. Des corridors marins ont été créés. Un port de plaisance labellisé « Port Propre » complète cet engagement.
Promenade Prince Jacques : la plus longue voie pédestre de Monaco
Le sentier débouche sur une large artère piétonne : la promenade Prince Jacques. Ici, le végétal s’efface au profit d’une ligne claire, tendue, presque minérale. On marche sur les caissons eux-mêmes, et c’est comme flotter au-dessus de la Grande Bleue. Coureurs, familles, promeneurs s’y croisent, portés par la perspective époustouflante qu’ouvre la courbe du béton.
« Ce qui est étonnant, c’est qu’on a sauvé deux kilomètres de littoral », glisse notre guide du jour, Guy-Thomas Levy-Soussan. Difficile de ne pas s’émerveiller devant la fluidité des lignes, les reflets du soleil sur les façades. Tout ici a été pensé pour le piéton : pas de voiture, pas de bruit. Juste une grande boucle de promenade d’un kilomètre, ponctuée de bancs, de sculptures, de fontaines.
Des grands noms de l’art et de l’architecture
Valode & Pistre Architectes, Renzo Piano Building Workshop, Michel Desvignes, tous ont participé à l’élaboration de ce quartier innovant, résolument tourné vers l’avenir.
Lumières sous roche, silences de quartz : deux secrets de Mareterra
Sur la promenade, un passage voûté s’ouvre sur un espace semi-immergé. C’est la Grotte Bleue. « On voulait montrer la structure. Ces caissons, ce sont des “chambres” conçues pour absorber la houle. Mais c’était dommage de les cacher. Alors on a laissé un espace ouvert. Quand le soleil tape, l’eau se colore en bleu. C’est magique. »
Un peu plus haut, au calme, se trouve un espace singulier : la pièce de méditation. Créée par l’artiste vietnamienne Tia-Thủy Nguyễn, elle invite à la contemplation. « Le souverain voulait un lieu multiconfessionnel. On a préféré proposer un espace de recueillement, sans connotation. Une pièce sculptée en quartz, baignée de lumière naturelle. » Taillée dans le quartz blanc, rose et mauve, baignée de lumière naturelle qui joue avec les parois, la pièce dégage une sensation… d’éternité.
Un vaisseau nommé Renzo
Le Renzo, aperçu au loin au début de notre visite, est désormais tout près. Cette fois, nous voici à ses pieds. L’ouvrage, signé Renzo Piano, s’élève en courbes nettes et ouvertes sur la mer. Ici encore, l’architecture dialogue avec l’environnement. Le béton, la transparence, les volumes… tout semble respirer. « Renzo Piano a accepté que l’immeuble porte son nom, ce qui est unique », nous confie Guy-Thomas Levy-Soussan. L’architecte italien a même peaufiné certains détails jusqu’à la dernière minute, donnant au lieu une harmonie rare entre architecture et paysage.
Mareterra en chiffres
6 hectares gagnés sur la mer
3 % de superficie en plus pour la Principauté
80 % de ressources naturelles pour le chauffage et la climatisation
12 commerces
5 000 m² de panneaux solaires
200 systèmes de recharge pour véhicules électriques
Un quartier vivant et ouvert à tous
Mareterra, ce sont aussi des villas, des appartements, des maisons de ville. Mais près de la moitié de la surface est publique : promenades, pinèdes, parcs. « C’est un pari réussi, souffle notre guide. Le Prince voulait que ce quartier attire de nouveaux résidents, mais qu’il reste accessible aux Monégasques. »
Le Grimaldi Forum y gagne 10 000 m² d’espace d’exposition, le port attend qu’une douzaine de commerces viennent faire vivre encore plus l’âme du quartier, et des parkings souterrains complètent les équipements. « Tout est au-dessus du niveau de la mer, sauf un bassin de rétention. On a voulu éviter les infiltrations. C’est aussi ça, l’anticipation. »
Zoom sur Marlow
Bienvenue au Marlow, restaurant so british au cœur de Mareterra. Ce qui fait son charme ? Sa carte anglo-saxonne revisitée, bien sûr, sa terrasse vue mer, évidemment, son ambiance irrésistible, assurément... Mais c’est aussi, et surtout, l’histoire que raconte le restaurant où l’impertinence flirte avec le chic grâce à Lady Marlow !
Un exemple pour le monde
Mareterra est un laboratoire à ciel ouvert. Les techniques développées ici – transplantation de posidonie, caissons multifonctions, énergie issue de l’eau de mer – inspirent déjà d’autres pays. « Une délégation de Tahïti est venue nous voir. Ils ont les mêmes problématiques. », poursuit Guy-Thomas Levy-Soussan.
En 2050, la mer pourrait monter d’un mètre. Mareterra est prêt. Il montre la voie. « C’est notre manière de dire au monde que c’est possible. Qu’on peut bâtir sur la mer sans la trahir. »
D’autres balades... d’autres quartiers
Envie de poursuivre la découverte ? Partez en balade dans les autres quartiers iconiques de Monaco, entre histoire, architecture et art de vivre. Monaco-ville, La Condamine, Le Larvotto... toujours en compagnie de personnalités qui partagent leur regard singulier sur la Principauté.
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