Mis à jour le 02 Avril 2025
Depuis vingt-cinq ans, Gildo Pallanca Pastor a fait de Venturi un symbole d’innovation monégasque. Bureau d’études spécialisé dans les mobilités, l’entreprise a multiplié les exploits, sportifs et technologiques, et repousse chaque année les limites, au point de participer aujourd’hui aux prochaines étapes de la conquête spatiale. Rencontre avec son dirigeant, l’un des pionniers de la voiture électrique… et un spécialiste des conditions extrêmes.
Venturi est né et a grandi à Monaco, un territoire tourné vers l’innovation. En quoi l’environnement monégasque a-t-il été un atout pour votre développement et votre rayonnement international ?
Gildo Pallanca Pastor : Le Prince Albert II a toujours soutenu l’innovation et les technologies propres. Naturellement, en tant que Monégasque et entrepreneur, j’ai été inspiré et porté par sa politique et sa vision.
Monaco est aussi un territoire tourné vers l’avenir. Quel rôle Venturi joue-t-il dans cette ambition ?
G. P. P. : Nous sommes fiers d’être l’un des ambassadeurs technologiques de Monaco. Nos projets, qu’il s’agisse de records du monde ou de mobilité spatiale, s’inscrivent pleinement dans cette volonté d’excellence et d’innovation.
Voici 21 ans, Venturi montrait la voie de la mobilité électrique. Comment abordez-vous la recherche et le développement pour repousser les limites ?
G. P. P. : L'innovation chez Venturi repose sur une vision à long terme. Depuis plus de 20 ans, j’investis dans la recherche et le développement avec un objectif simple : dépasser les limites connues de la mobilité électrique, que ce soit en performance, en autonomie ou en adaptation aux environnements extrêmes. La Venturi Fétish est en effet la première voiture de sport 100 % électrique ! Nous l’avions dévoilée en 2004, c’était une véritable prise de risque pour nous. À l’époque, presque personne ne croyait en la motorisation électrique. Aujourd’hui, cette technologie s’est bel et bien imposée. Nous avons contribué à faire évoluer le secteur, et j’en suis très fier.
Qu’avez-vous ressenti, quelques années plus tard, en voyant des Formule E Venturi parcourir le circuit de Monaco lors du e-Prix ?
G. P. P. : C’est une sensation très particulière. Le circuit du e-Prix , je le connais par cœur depuis l’enfance. Alors, voir nos monoplaces filer à 200 km/h dans les rues de ma ville, de mon pays… cela a été un moment fort. Mon meilleur souvenir reste 2019, lorsque Felipe Massa est monté sur la troisième marche du podium.
Venturi détient plusieurs records du monde en matière de performance électrique. Quel exploit vous rend le plus fier et quels sont les prochains défis que vous souhaitez relever ?
G. P. P. : Difficile de choisir, mais mon cœur de Monégasque me fait pencher pour l’Antarctica, un projet qui existe grâce à notre Souverain. En 2009, il m’a confié qu’aucun véhicule zéro émission n’était disponible pour les scientifiques en Antarctique. Comme la protection de l’environnement est une priorité pour lui, nous nous sommes mis au travail. Après plusieurs prototypes, nous avons abouti à une version capable d’affronter le pôle Sud, sans entretien, sur le long terme. Voir l’Antarctica en service à la station Princesse Élisabeth, qui fonctionne exclusivement à l’énergie renouvelable, est une immense fierté. Quant aux prochains défis… la Lune, puis Mars. Dès début 2026, nos technologies seront au service de l’exploration lunaire. C’est presque irréel !
Au-delà des records, quel message souhaitez-vous transmettre avec une réalisation comme l’Antarctica ?
G. P. P. : L’Antarctica est un symbole. Il prouve qu’il est possible de concilier innovation, performance et respect de l’environnement, même dans les conditions les plus extrêmes. C’est un message d’espoir : on peut faire mieux, autrement.
Comment Venturi relève-t-elle ces défis technologiques et humains ?
G. P. P. : Avec passion ! Chaque projet est l’occasion de repousser nos limites. Si l’Antarctica a exigé des solutions inédites pour le froid extrême, la Lune représente un autre défi : il s’agit de résister à des températures dont les écarts peuvent atteindre 400 °C ! L’expérience accumulée nous permet d’innover en permanence.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre implication dans la mobilité lunaire et martienne ?
G. P. P. : Venturi Space, c’est une idée audacieuse au départ : appliquer notre expertise en mobilité électrique aux environnements extrêmes de l’espace. Après avoir prouvé nos capacités sur Terre pendant 20 ans, nous nous sommes dit : « pourquoi pas la Lune ? ». Notre partenariat avec Venturi Astrolab, Inc. pour développer les rovers FLIP et FLEX est un grand pas. Nos roues hyperdéformables et nos batteries haute performance sont essentielles à la réussite de ces missions.
Le rover lunaire que vous développez en partenariat avec Venturi Astrolab sera lancé en 2027. Quels sont les principaux défis techniques liés aux roues et aux batteries ?
G. P. P. : Les conditions sur la Lune sont extrêmes. Il faut concevoir des matériaux capables de supporter des températures allant de -240 °C à +130 °C sans perdre en performance. Nos roues doivent éviter l’enfoncement dans le régolithe, absorber les irrégularités du sol, offrir une adhérence optimale, supporter une masse de 2 tonnes et endurer une vitesse de 15 km/h. Quant aux batteries, elles doivent garantir une autonomie suffisante malgré les écarts thermiques violents et, surtout, traverser les longues nuits lunaires de 14 jours sous des températures moyennes de l’ordre de -180 °C. Nous avons ainsi développé des solutions pour maintenir une température stable des cellules et maximiser l’efficacité énergétique.
Comment les technologies développées pour l’espace peuvent-elles avoir des applications sur Terre ?
G. P. P. : L’innovation spatiale a toujours eu des retombées terrestres. Nos roues hyperdéformables pourraient améliorer les véhicules tout-terrain, notamment dans les déserts ou les régions polaires. Nos batteries résistantes aux cycles thermiques extrêmes pourraient aussi renforcer l’autonomie et la robustesse des véhicules électriques. En innovant pour l’espace, nous préparons des solutions concrètes et durables pour la Terre.
Venturi a toujours repoussé les limites de l’innovation. Quelle est votre vision pour les 20 prochaines années ?
G. P. P. : Continuer d’explorer des environnements extrêmes avec des solutions électriques de pointe, tout en transférant ces technologies vers des applications terrestres. Nos missions lunaires vont nous permettre d’apprendre énormément sur la résistance des matériaux, l’optimisation des batteries et la gestion de l’énergie dans des conditions extrêmes. Tout cela, nous comptons bien l’exploiter sur Terre et en faire profiter les générations futures. L’innovation spatiale et la performance terrestre sont étroitement liées.
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